Laissez-nous tranquilles !
Nous lisons des ouvrages consacrés au développement personnel, nous nous intéressons aux dernières tendances du coaching, nous surveillons notre alimentation, notre santé, notre forme physique… nous méditons en pleine conscience, nous ouvrons nos chakras à chaque fois que nous le pouvons, nous nous efforçons de voir le monde avec optimisme – ce qui n’est vraiment pas simple – et quand nous croisons un malotru, nous faisons comme Pierre Richard dans La Chèvre, à qui les arts martiaux ont appris le contrôle : «Un type me traite d’abruti : je ne cogne pas, je le regarde et je m’en vais…».
Et finalement, on s’interroge : cette quête du bonheur nous rend-elle vraiment heureuse ? Une question que nous sommes de plus en plus nombreuses à nous poser. La preuve, le succès mondial du livre Happycratie, signé par une sociologue et un psychologue, qui démonte les rouages d’une véritable «industrie du bonheur».
Il ne s’agit évidemment pas de faire machine arrière et de retourner à la superficialité des 80’s, ces années «fric et frime» où l’on courait après l’argent, le succès, la reconnaissance et l’apparence, et qui avait pris le pas sur tout le reste. Consacrer du temps à soi, à ceux qui nous sont proches et, plus généralement s’ouvrir aux autres, s’efforcer de voir le monde avec bienveillance et optimisme est une bonne chose… si elle ne tourne pas à l’obsession. Le «bonheurisme», pour reprendre un terme inventé par le philosophe Vincent Cespedes en 2010 (et oui, déjà…), est, comme tous les dogmes en isme, une dérive qui conduit à l’exact opposé de ce qu’il prône.
Car, comme ce penseur le dit : «Le bonheur est en nous, pas devant nous ! Il agit comme une onde de charme, pour peu que l’on ressente la gourmandise de l’autre, l’envie de se délecter de lui». Et ça, ça nous parle !
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