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Dossier

Nos limites… et celles que l’on s’impose

Sortir de sa zone de confort, dépasser ses croyances et accepter ses véritables limites… plus facile à dire qu’à faire ? Sylvie daurat s’est posé la question et y apporte des réponses

Comment vous êtes-vous intéressée à la question des limites ?
Avec ma co-auteure, Corinne Nimsger, nous avons eu l’idée d’écrire ce livre parce que nous avons nous-mêmes pu dépasser nos limites, oser faire des choses, se donner le droit d’aller vers ce qui nous anime et le mettre en place. Nous avons vu à quel point cela a allégé et ouvert nos vies. Et nous avons voulu partager cette expérience avec toutes les personnes qui ne sont pas forcément dans une démarche de développement personnel par une approche pratique. Parce que lire des livres, assister à des ateliers, c’est très bien, mais tant qu’on ne décide pas de passer à l’action, rien ne change.

D’où proviennent-elles ?
Les premières sont liées à nos croyances, à tout ce que l’on nous a inculqué depuis que nous sommes petites. Ensuite, il y a la peur de sortir de sa zone de confort, de ne pas être à la hauteur. Il y a aussi le regard des autres, de ce qu’ils vont penser, de ce qu’ils vont dire.
Vouloir être conforme à une image, à ce que l’on pense que les autres attendent de nous, cela nous incite à rester dans notre cadre. Et on a du mal à s’ouvrir à autre chose, à laisser place à l’incertitude, à l’aventure, il faut tout contrôler.

En quoi nous posent-t-elles problème ?
Parce qu’elles nous empêchent d’avancer. Nous nous imposons à nous-mêmes beaucoup de contraintes qui nous enferment et nous interdisent de vivre pleinement et avec légèreté. Ce sont souvent des choses que l’on a dit quand on était petite. Par exemple, si on vous a
toujours répété «tais-toi, tu n’as rien d’intéressant à dire», vous grandissez avec cette idée. Et aujourd’hui, quand vous êtes en société ou avec vos amis, vous parlez moins que les autres. Mais ce n’est plus vrai, vous avez sans doute des choses intéressantes à dire. Vous n’êtes
plus une enfant de six ans, vous êtes une adulte. Quel est le risque ? Que quelqu’un ne soit pas d’accord ? Et alors !

Certaines de ces limites ne sont elles pas bien réelles ?
Bien sûr qu’il y a des limites, physiques par exemple. Mais les croyances posent des barrières bien en deçà de notre réel potentiel. Et, quand on est confrontée à de réelles limites physiques, telles un handicap, l’une des manières de s’en délivrer et de les repousser, c’est
d’accepter. Le pouvoir de l’acceptation est incroyablement puissant. Une fois que l’on a accepté la réalité, on n’est plus dans la colère ou le ressentiment, et l’on accède à autre chose dont on ne se croyait pas capable.

À se dire que tout est possible, ne risque-t-on pas d’aller trop loin ?
La meilleure limite, c’est celle qui fait que l’on cesse de se sentir bien. Vous pouvez parfaitement sortir du cadre, tant que vous vous sentirez vous-même à la bonne place, c’est parfait. Quand vous apprenez à être centrée, plus rien ne vous arrête parce que vous allez réellement sur ce qui est important dans votre vie, ce qui vous fait vibrer. Si l’on sort de son confort juste pour se challenger, se prouver que l’on en est capable, on fait une erreur. Le but n’est pas de repousser les limites pour les repousser. Il faut s’interroger si ce que l’on fait
est vraiment soi. C’est toujours un arbitrage entre les deux extrêmes.

Le dépassement de nos limites n’est-il pas parfois imposé par les autres ?
Oui, notamment dans le monde professionnel. À certains moments, on est fatiguée, on ne peut plus se concentrer, mais on passe en force, alors que l’on pourrait tout arrêter, se dire que l’on reprendra demain et que l’on sera plus efficace, se demander quel est le véritable enjeu. Il y a un côté «toujours plus», mais quelle est la motivation derrière ? Elle n’est souvent pas avouée. Par exemple, quelqu’un qui n’a pas confiance en elle va être tout le temps dans le défi professionnel, parce qu’elle pense qu’elle n’a pas de valeur et que l’image qu’elle donne est liée à un statut social. Quand on repousse ses limites pour de telles raison, on n’est pas bon, on tombe dans la violence, dans le perfectionnisme.

Affirmer que l’on n’a aucune limite, n’est-ce pas une autre forme de croyance ?
Oui, cela arrive. Il faut sentir quand on va trop loin, pour ne pas être en burn-out, reconnaître les signes que nous donne notre corps quand on est tendue, fatiguée, sous peine de ne plus être dans le dépassement mais dans la maltraitance. Le but, c’est de toujours agir
dans le respect de soi, dans l’honnêteté envers soi.