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Dossier

Comment faire pour que ça marche ?

Lui est un écrivain à succès, avec une douzaine de best sellers à son actif. Elle est une professionnelle de la communication pour les grands studios de cinéma. Pascale et gilles legardinier sont aussi un couple uni depuis près de 30 ans, parents de deux beaux enfants et d’un ouvrage réjouissant.

Comment est née votre histoire à deux ?
Gilles : Pascale et moi nous nous connaissons depuis le lycée, nous étions copains avant de devenir plus. C’est moi qui suis tombé amoureux le premier, elle a refusé trois fois ma demande en mariage. J’ai fini par ne plus demander, mais nous l’avons finalement fait quand même, pas pour travailler ensemble, évidemment, mais c’est venu naturellement. Pascale a un véritable don avec le texte et moi je ne savais pas que j’avais envie d’écrire. Du coup, nous avons commencé à collaborer. Tout le monde nous a dit de ne pas le faire et ça c’est c’est toujours très très bien passé. Et cela dure depuis 30 ans. Nous ne sommes ni dans l’ego, ni dans la démonstration de l’un par rapport à l’autre. Nous sommes heureux et désolés
de voir qu’il y a des gens pour qui, avec de mauvais exemples, on coupe l’envie de vivre
l’aventure à deux.

Comment est venue l’idée d’écrire à quatre mains ?
Pascale : Habituellement, Gilles écrit ses romans de son côté et j’interviens en tant que première lectrice et critique. Moi, je rédige des dossiers de presse pour le cinéma.
Gilles : Pour Comme une ombre, notre précédent roman écrit ensemble, j’ai commencé à l’écrire à la suite d’un pari perdu. J’ai eu la prétention de me lancer tout seul dans le récit d’une aventure sentimentale pour laquelle, à l’époque, je n’étais pas du tout à la hauteur. Pascale s’est moquée de moi, très gentiment, et ma seule bonne idée a été de lui dire : «Plutôt que de me dire que je suis mauvais, faisons-le à deux et ça deviendra tout autre chose». Et cela c’est très bien passé.

Et pour votre dernier ouvrage ?
Gilles : Pour celui-là, la notion de couple était primordiale. Cela s’est donc fait naturellement.
Pascale : Notre but était de porter un regard croisé des femmes sur les hommes et réciproquement. Comme on se connaît quand même depuis un certain temps, cela nous a
semblé à la fois amusant et judicieux.

Pourquoi être passé du roman à l’essai ?
Gilles : Il n’y a pas de calcul. Mes livres sont souvent des fables. Certaines peuvent être
racontées par la fiction, d’autres s’appuient plus sur la réalité. C’est le métier qui enferme les auteurs dans un genre, essai, fiction, polar, littérature… Pascale et moi sommes juste des gens qui écrivons en permanence. On ne se pose pas vraiment la question… Nous avons écrit des tas de choses très différentes que chacun range dans la case qu’il souhaite.

S’il donne des pistes tout à fait sérieuses, votre livre repose sur l’humour. Est-ce une clé pour la vie à deux ?
Gilles : Tout ce que j’écris est teinté d’humour ou, au moins, de bonne humeur. Dans un couple, nous pensons que c’est primordial. L’important, c’est ne pas s’ennuyer et d’avoir toujours l’étincelle. Pour cela, l’humour est un moyen fabuleux.
Pascale : Nous nous rejoignons totalement sur ce point. L’humour est primordial dans
Comment faire pour que ça marche ? ce qu’il écrit, mais avant tout primordial dans ce qu’il est. Cela fait presque 30 ans maintenant qu’on s’amuse bien et qu’on rit ensemble. C’est essentiel et c’est l’un des ciments de notre couple.

Au-delà de la vie amoureuse, est-ce un atout d’être deux dans le monde professionnel ?
Pascale : Oui, parce que nous sommes sur le même rythme, nous avons les mêmes attentes, les mêmes inquiétudes, les mêmes charges.
Gilles : Ce qui est très dangereux dans un couple, c’est quand chacun commence à regarder dans des directions opposées. Alors que nous, nous avons toutes les raisons familiales et professionnelles de toujours regarder dans la même direction. On ne l’a pas fait par calcul, mais c’est une force de travailler ensemble.

Auriez-vous fait la même carrière sans l’autre ?
Gilles : Non, c’est évident. J’ai besoin de Pascale et j’ose croire qu’elle a besoin de moi.
Pascale : Nous sommes véritablement complémentaires.
Il doit tout de même y avoir des moments où c’est difficile de ne pas pouvoir séparer les choses ?
Gilles : Beaucoup de personnes nous posent la question. On entend souvent dire que, dans
un couple, il y a des hauts et des bas, mais nous ne le ressentons pas. Bien sûr, nous avons des choses à gérer, mais nous avons eu la chance de nous construire ensemble, de nous connaître jeunes, donc nous avons appris à nous former, à nous apprivoiser. Nous
avons découvert la vie ensemble. Et, finalement, il n’y a pas autant de moments difficiles
FÉLICIEN DELORME / FLAMMARION que ça. Nous ne sommes pas des Bisounours, Pascale a énormément de caractère, moi aussi, et nous ne sommes pas toujours d’accord mais on ne s’engueule pas. Il y en a toujours un qui arrive à convaincre l’autre.

N’avez-vous jamais eu la tentation d’aller vers des aventures individuelles ou de regrets de ce que vous auriez pu faire seul(e) ?
Pascale : Non. Je ne porte pas d’histoires en moi. Je suis parfaitement heureuse et à ma place en aidant Gilles à accoucher des siennes. Je n’ai pas du tout l’impression d’un manque.
Gilles : Absolument pas.

A-t-on toujours besoin d’être deux pour avancer et est-ce la relation amoureuse qui fait que cela fonctionne ?
Gilles : C’est plus une circonstance. Quand vous trouvez la bonne personne, que vous pouvez établir avec elle des liens de confiance et de respect, vous gagnez du temps. Ce n’est pas une nécessité d’être deux, c’est un avantage. L’autre est l’œil neuf que vous ne pouvez pas avoir, le recul que vous n’avez pas le temps de prendre. L’autre, c’est l’appui quand vous en avez marre. Il ne vous sert pas à compenser, il n’y a en a pas un qui est au service de l’autre, cela ne se passe pas comme ça. Pascale est en renfort de moi et je suis en renfort d’elle.

Pour durer à deux, faut-il faire attention à l’autre ?
Pascale : Tout à fait. Dans les deux années qui ont précédé et suivi notre propre mariage, il y a eu plus d’une vingtaine de couples qui se sont formés. Et aujourd’hui, nous ne sommes plus que deux à être toujours ensemble. Nous avons vu des couples se séparer pour des tas de raisons, d’autres rester ensemble pour de mauvaises raisons. À une époque où souvent femmes et hommes sont opposés, nous avons eu envie de dire que cela peut fonctionner très bien, si l’on fait attention à ce que l’on dit… et ce que l’on ne dit pas.
Gilles : Le premier message, c’est d’abord : «Allez-y. Tentez l’aventure. Ne vous laissez pas épouvanter par les pires des deux camps». Il y a des hommes qui méritent des pains dans la tête, on en voit tous les jours. Et il y des femmes qui sont de pures hystériques.
Mais réduire les gens aux pires exemples est une erreur. Il faut pousser les gens à ne pas avoir peur des échecs des autres.